La notion de vide (空 – kū) dans les arts martiaux est l’une des plus profondes et subtiles. Elle touche à la fois la philosophie, la technique et l’expérience vécue du combat. 1. Le vide comme absence et disponibilité Dans les arts martiaux japonais, le kū (空) ne signifie pas seulement « rien », mais plutôt un espace disponible, une potentialité infinie. Sur le plan technique : le vide, c’est l’absence de tension inutile, la capacité à réagir instantanément. Le corps ne doit pas être figé, ni lourd, ni crispé. Sur le plan stratégique : le vide, c’est l’ouverture (suki – 隙) chez l’adversaire. Le samouraï ou le karatéka cherche ce vide pour y entrer. 2. Le vide dans le sabre (kenjutsu, kendō) Miyamoto Musashi, dans le Gorin no Sho (五輪書 – Le Livre des Cinq Roues), consacre un rouleau entier au vide. Il écrit : 「空の道を知ること肝要なり」 Connaître la voie du vide est essentiel. Pour lui, le vide est l’esprit libéré des formes et des techniques figées. Quand on ne s’attache plus à une garde ou à ...
Comment travailler la notion de vide (空 – kū) concrètement dans ta pratique martiale, comme un outil de progression. 1. Le vide corporel : absence de tensions inutiles Objectif : sentir ton corps disponible, ni lourd, ni crispé. Exercice : Mets-toi en zenkutsu dachi (前屈立ち, posture avant). Inspires, contracte volontairement tout ton corps (poings, mâchoires, épaules, jambes). Puis expires en relâchant d’un coup, comme si tu devenais « vide ». But : apprendre la différence entre tension volontaire et disponibilité. Le vide corporel, c’est être prêt à tout mouvement sans résistance interne. 2. Le vide de l’esprit : mushin (無心) Objectif : agir sans pensées parasites. Exercice du makiwara / sac : place-toi devant, respire profondément, puis frappe sans penser à la puissance ni à la vitesse, juste « laisse ton corps frapper ». Exercice à deux : place-toi en garde, demande à ton partenaire de lancer des attaques lentes et imprévisibles. Ton rôle est d’esquiver ou de parer sans réfléch...